Roches siliceuses avec végétation pionnière du Sedo-Scleranthion
Code UE : 8230
Code CORINE 1991 : 62.42
Surface couverte : env. 19,7 ha
Définition et références phytosociologiques
Pelouses pionnières souvent dominées par des plantes grasses, des mousses et des lichens sur des sols squelettiques, réparties en général sur de faibles surfaces et très dispersées sur un grand territoire Cet habitat est essentiellement composé de pelouse vivace à Orpin réfléchi et Millepertuis à feuilles linéaires, de pelouses associées, comme la pelouse à Catapode des graviers, à Canche printanière et Spergule printanière et la pelouse à Aphane à petits fruits et Orpin rougeâtre.
Hyperico linarifolii-Sedetum reflexi de Foucault 1979. Sedo-Scleranthetea.
Narduretum lachenalii Korneck 1975.
Sclerantho annui-Airetum praecocis Lemée 1937.
Aphano inexspectatae-Sedetum rubentis Labadille et de Foucault 1997. Tuberarietea
Caractéristiques stationnelles
Cet habitat est présent aux étages planitiaire, collinéen et montagnard en climat océanique plus ou moins atténué, avec une exposition préférentielle au sud. On le retrouve au niveau des escarpements rocheux siliceux, sur des sols très peu épais voire squelettiques, finement sableux, souvent filtrants (rankers d'éro-sion), chauds et secs. Les roches-mères sont composées de granites, de poudingues, de grés et de schistes.
Ces pelouses sont le plus souvent primaires, parfois disséminées au sein de systèmes pastoraux extensifs liés au pâturage ovin, bovin ou caprin.
Physionomie et structure
Les pelouses sont rases, écorchées et peu recouvrantes. Ce sont des pelouses succulentes (présence de plantes grasses tels que les Orpins) mosaïquées avec des pelouses herbacées à vivaces et annuelles. La diversité floristique est importante avec un pic de floraison surtout printanier (mars-mai), de nombreuses espèces étant méconnaissables en été.
Il existe une grande variabilité de l'aspect physionomique suivant les années : depuis l'absence des thérophytes les années les plus sèches à une grande abondance les années pluvieuses.
Flore caractéristique, espèces indicatrices
- Millepertuis à feuilles linéaires Hypericum linarifolium
- Cotonnière naine Filago minima
- Pied d’oiseau Ornitopus perpusillus
- Catapode des graviers Mircopyrum tenellum
- Aphane à petits fruits Aphane inexspectata
- Trèfles annuels Trifolium sp.
- Petite oseille Rumex angiocarpus
- Spergule printanière Spergula morisonii
- Canche printanière Aira praecox
- Lotier très étroit Lotus angustissimus
- Orpin rougeâtre Sedum rubens
- Orpin réfléchi Sedum reflexum
- Teesdalie à tige nue Teesdalia nudicaulis
- Chicorée de mouton Arnoseris minima
Confusions possibles…
… avec les pelouses calcicoles karstiques, proches floristiquement mais qui ne renferment pas d'espèces acidiphiles (Code UE : 6110).
… avec les pelouses xérophiles du Koelerio gracilis-Phleion phleoides qu’elles côtoient souvent (Code UE : 6210) ; ces dernières sont pauvres en thérophytes et toujours dominées par les hémycryptophytes.
Localisation dans le site
L’habitat est présent dans la vallée du Noireau, de la Rouvre (Roches d’Oëtre, méandres de Rouvrou) et de l'Orne (Bec-Corbin, Saint-Philbert, Pont-d'Ouilly, Cossesseville, Rochers des Parcs et de la Houle). Ce type de groupement est bien représenté à l'amont (La Courbe) et à l'aval du périmètre (boucle du Hom à Thury-Harcourt, forêt de Grimbosq).
Le milieu est bien représenté. Il est commun sur tous les grands escarpements, voire parfois en prairie autour d’affleurements rocheux.
Valeur écologique et patrimoniale
L’habitat est assez rare voire très rare selon les régions. Certains types sont très localisés. Les escarpements rocheux étant rares dans les collines de l'ouest de la France, ce patrimoine rupestre est de tout premier or-dre.
Par ailleurs, les pelouses sont souvent primaires, ce qui est exceptionnel pour les régions de la plaine fran-çaise.
La diversité floristique est élevée. Certaines espèces sont très rares (Chicorée de mouton, Lotier très étroit) ou protégées au niveau régional (Spergule printanière). L’habitat est un refuge pour de nombreuses espèces annuelles d'origine méditerranéenne en dehors de leur aire principale.
Valeur sociale et économique
Cet habitat ne présente pas, en soi, de valeur sociale ou économique.
Dynamique de la végétation…
… spontanée
L’habitat, fait d’un mélange de vivaces et d’annuelles, est colonisé peu à peu par la lande rocheuse (code 4030).
Certaines pelouses semblent stables à l'échelle humaine. Celles-ci peuvent s'installer sur des surfaces dé-nudées artificiellement comme des fonds de carrières.
… liée au mode de gestion
L'intensification du pâturage induit l'extension de l'habitat, initialement confiné aux dalles, aux dépens de la pelouse herbeuse proprement dite. L'érosion liée au surpâturage ou au passage de véhicules (chemins) favorise l’extension des annuelles au détriment des chaméphytes succulentes (plantes grasses).
Après la diminution de la pression des lapins ou l’abandon pastoral (chèvres, moutons, bovins), on peut observer une densification très lente du tapis graminéen et chaméphytique et une réduction progressive des vides favorables aux thérophytes. Le sol devient peu à peu plus épais.
État actuel de conservation
Cet habitat se trouve dans un état de conservation correct à l’intérieur du site.
Menaces potentielles, facteurs de dégradation
L’habitat est toujours très morcelé et donc relictuel. Il est parfois inclus au sein d'ensembles pâturés plus vastes. Il se maintient assez bien dans le cas où il occupe des vires rocheuses étroites. Dans les autres cas (sur les plateaux), il tend à disparaître avec l'abandon du pâturage.
L’utilisation et l’aménagement des parcours pour les loisirs peuvent contribuer à la dégradation du milieu : pique nique avec feux, moto verte, véhicules tout terrain, aires de stationnement pour la varappe, aires de delta-plane.
Orientations optimales de gestion
(d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)Sur les corniches rocheuses où l’habitat est quasiment primaire, aucune intervention particulière n’est à prévoir, sauf éventuellement un débroussaillage.
Le pâturage occasionnel par les herbivores (troupeau pâturant les pelouses avoisinantes, lapins) doit être maintenu. L’habitat s’insère dans des unités de gestion pastorale plus larges. Les mesures de gestion par le pâturage s’appliqueront donc à l’ensemble de la surface. Il faudra cependant préserver le milieu de la dé-gradation par les animaux domestiques en prenant garde de ne pas affourager sur l’habitat et de maintenir une pression limitée. La gestion par le pâturage est à établir au cas par cas, en fonction notamment de l’espèce et de la race des herbivores, plus ou moins consommateurs de plantes coriaces, et en fonction de la période de pâturage. Sur ces systèmes relictuels, une restauration du milieu dans lequel s’insère l’habitat peut s’avérer nécessaire. La gestion passe alors par une élimination des ligneux portant ombrage à l’habitat, ou éventuellement des opérations ponctuelles de gyrobroyage et de débroussaillement avec exportation des produits de coupe (ce qui peut être mis en place quand le pâturage n’est pas possible, c’est-à-dire dans bien des cas).
Enfin, il est conseillé de canaliser la fréquentation touristique éventuel