Mégaphorbiaies hygrophiles

Mégaphorbiaies hygrophiles d’ourlets planitiaires





Code UE :     6430
Code CORINE 1991 :     37.7

Surface couverte :    env. 8,2 ha



Définition et références phytosociologiques


Friches à hautes herbes aimant l’humidité, où sont  présentes la Reine des prés et le Jonc à tépales aigus.
Junco acutiflori-Filipenduletum ulmariae Foucault 1981. Filipendulo-Calystegietea

Caractéristiques stationnelles


L’habitat se rencontre principalement à l’étage collinéen, dans des sites très humides des vallées alluviales présentant un sol engorgé avec une nappe temporaire, sur des substrats de nature diverse. Les sols sont pourvus en matière organique mais relativement pauvres en azote. Ces mégaphorbiaies constituent des cordons en bordure de cours d’eau, des clairières et des lisières de forêts humides.
Les stations sont soumises aux crues périodiques des cours d’eau mais ne subissent aucune action anthro-pique. Il s’agit donc de prairies naturelles à hautes herbes en relations dynamiques avec les forêts alluviales.

Physionomie et structure


Ces prairies élevées attirent l’attention par la dominance forte d’un petit nombre d’espèces caractérisées souvent par leurs feuilles larges, leurs inflorescences vives, qui s’épanouissent à partir de juin.


Flore caractéristique, espèces indicatrices

  • Reine des prés              Filipendula ulmaria
  • Jonc à tépales aigus     Juncus acutus
  • Salicaire                        Lythrum salicaria   
  • Angélique des bois       Angelica silvestris
  • Pigamon jaune             Thalictrum flavum


Confusions possibles


Il ne faut pas confondre ces mégaphorbiaies avec les prairies de fauche voisines, issues de l’utilisation anthropique de l’habitat, qui s’en distinguent physionomiquement par une plus grande richesse en espèces, par la dominance des graminées et des fabacées et par la rareté des espèces élevées citées.

Localisation dans le site


Cet habitat est présent le long de l’ensemble des cours d’eau du site.

Valeur écologique et patrimoniale


Ces mégaphorbaies constituent le berceau de certaines espèces prairiales en tant que milieu primaire. Avant les déforestations anthropiques et le pastoralisme, elles occupaient une place réduite dans les lits majeurs des rivières, se développant lors des perturbations occasionnées par les crues catastrophiques. Elles hébergeaient quelques espèces prairiales qui, lors des actions pastorales (fauche, pâturage, fertilisation), se sont développées considérablement, avec l’arrivée d’autres espèces issues des lisières forestières nitrophiles, des végétations de chablis, etc.
Ces mégaphorbiaies occupent une surface réduite par rapport aux prairies gérées et présentent ainsi un intérêt patrimonial certain. Elles peuvent héberger des espèces rares à l’échelle régionale. Ces formations constituent également une ressource remarquable pour les insectes (floraisons abondantes), d’où la présence de nombreux phytophages, ce qui entraîne également la présence d’insectivores. Enfin, si elles sont suffisamment développées, les mégaphorbiaies peuvent servir de zones de refuge diurne pour la Loutre.

Espèces de l’annexe II de la Directive Habitats


Loutre d’Europe, Cordulie à corps fin, Écaille chinée.
Autres espèces animales typiques de l’habitat
Criquet ensanglanté, Conocéphale des roseaux.

Valeur sociale et économique


Ce groupement prairial initial est de faible valeur agronomique (90 % de la surface est occupée par des plan-tes non fourragères). Certains propriétaires en vallées inondables, ayant abandonné les activités pastorales, peuvent souhaiter réaliser des plantations de peupliers, les conditions stationnelles étant très favorables à cette spéculation.

Dynamique de la végétation…
… spontanée


Les mégaphorbiaies dérivent de la destruction des forêts riveraines et de l’abandon des activités pastorales. Leur état naturel correspond à un linéaire de lisière ou à des tâches occupant les trouées forestières et à l’absence d’interventions humaines (la fauche ferait régresser certaines espèces typiques de ces milieux).
En raison de leur forme linéaire, ces milieux sont sujets à des variations de surfaces fortes dans les condi-tions naturelles. Les perturbations stimulent le retour du cortège floristique grâce à la banque de semences du sol.
Par dynamique naturelle, elles peuvent céder la place à des fruticées ou à des saulaies, puis à des forêts rive-raines. Certaines des espèces se retrouvent en sous-bois ou au moins au niveau des lisières.

… liée au mode de gestion


L’exploitation pastorale (fauche, pâturage) entraîne le passage à des prairies hygrophiles, où subsistent pendant un certain temps des espèces de mégaphorbiaies. Au contraire, l’abandon de ces prairies entraîne le redéveloppement des espèces de mégaphorbiaies et l’évolution vers la saulaie.


État actuel de conservation


Le groupement actuel à l’intérieur du site est  instable, fortement lié aux pratiques d'entretien.

Menaces potentielles, facteurs de dégradation


L’habitat est en régression dans les zones d’agriculture intensive en raison du passage de la prairie à la culture ou de l’utilisation de l’espace en prairies pâturées ou fauchées faisant disparaître les espèces de mégaphorbiaies. De plus en plus souvent, les lits majeurs font l’objet de drainage. Une plantation extensive de peupliers peut contribuer à faire régresser certaines populations.

Orientations optimales de gestion (d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)


Compte tenu de la dynamique naturelle conduisant vers une fruticée, une saulaie puis une ripisylve, la conservation en l’état de l’habitat nécessiterait quelques interventions espacées de plusieurs années : gyrobroyage, coupes de saules ou des autres arbustes. Mais fondamentalement, ces mégaphorbiaies naturelles sont des stades transitoires qui évoluent vers la forêt et il est donc souvent illusoire de vouloir maintenir l’habitat en l’état.
A l’échelle d’une vallée, il est recommandé de maintenir la mosaïque de milieux (mégaphorbiaies, prairies, forêts) avec ses différents éléments.
On veillera aux risques d’eutrophisation des eaux de la rivière et à tous les travaux hydrauliques risquant de réduire le lit majeur ou de modifier la dynamique des rivières