Rivières des étages planitaires

Rivières des étages planitiaire à montagnard avec végétation du Ranunculion fluitantis


Définition et références phytosociologiques

Végétation aquatique des eaux courantes ; aussi appelé « Herbiers à Renoncule flottante et Potamots ».
Ranunculetum fluitantis Allorge 1922. Potametea


Caractéristiques stationnelles


L’habitat est ponctuel et très localisé. Il est développé dans des cours d’eau plutôt courants et assez larges de l’étage collinéen.
L’habitat caractérise des eaux eutrophes, à pH neutre à basique, à richesse variable en nitrates, riches en élé-ments nutritifs (notamment en phosphore). Dans le site Natura 2000 « Vallée de l’Orne et ses affluents », cet habitat se trouve sur le cours moyen de l’Orne : le fleuve a traversé la plaine de Sées et d’Argentan avant d’entrer sur le Massif armoricain, ce qui explique que l’eau soit assez alcaline.


Physionomie et structure


Cette végétation des eaux assez courantes est dominée par des phanérogames, avec peu de bryophytes. Les renoncules se retrouvent dans les secteurs courants de l’Orne, qui a un profil longitudinal en « marches d’escaliers ».

Flore caractéristique, espèces indicatrices

  • Renoncule flottante               Ranunculus fluitans
  • Fausse renoncule flottante    Ranunculus penicillatus
  • Renoncule aquatique             Ranunculus aquatilis
  • Menthe aquatique                 Mentha aquatica

Confusions possibles


L’habitat se distingue des types mésotrophes et du type eutrophe de ruisseau par la présence de la Re-noncule flottante, du Myriophylle en épi et du Potamot pectiné, et par l’absence des autres Renoncules.


Localisation dans le site


Les principaux herbiers se situent dans la rivière Orne, en aval du Pont de la Forêt-Auvray
Valeur écologique et patrimoniale
Il s’agit d’un habitat caractéristique des rivières naturellement ou artificiellement eutrophisées. Les espèces phanérogamiques y sont communes. Ce sont des zones de reproduction et de croissance du Brochet, de la Perche, des cyprinidés, de la Lamproie marine.


Espèces de l’annexe II de la Directive Habitats


Loutre d’Europe, Cordulie à corps fin, Saumon atlantique, Lamproie marine, Chabot.
Autres espèces animales typiques de l’habitat
Potomida littoralis, Aeschne paisible, Gomphe à crochets, Gomphe à pinces, Gomphe vulgaire.

Valeur sociale et économique


La pêche de loisir (Truite fario, Brochet…) est pratiquée dans l’Orne autour de ces herbiers.


Dynamique de la végétation…

… spontanée


Normalement, ces groupements sont assez stables car ils sont régulés par le cycle hydrologique annuel. Les variations saisonnières ou irrégulières peuvent être marquées, déterminées par le cycle des renoncules et sur-tout par diverses espèces proliférantes, algales ou macrophytiques.
Il existe des relations dynamiques en fonction des différents facteurs (qualité de l’eau, éclairement, profon-deur, vitesse de courant) entre les groupements de ce type d’habitat et les groupements les plus sta-gnophiles (potamophiles).


… liée au mode de gestion


De façon générale, le « nettoyage des rivières » influence assez peu ces communautés à cause de leur éloignement relatif des berges.
L’eutrophisation des eaux se traduit par les proliférations macroalgales et par le remplacement de la Renon-cule flottante par le Potamot pectiné ou le Cératophylle. Dans le cas de dégradation plus marquée, la végétation macrophytique peut complètement disparaître.


État actuel de conservation


Les herbiers à renoncules semblent dans un état satisfaisant mais ils couvrent un faible linéaire.

Menaces potentielles, facteurs de dégradation


Les travaux hydrauliques (recalibrages, endiguements drastiques) entraînent la disparition du groupement par enfoncement de la nappe alluviale.
L’hypertrophisation et notamment l’enrichissement en orthophosphates et en ammonium, mais aussi les pollutions par métaux lourds, constituent un risque très important de diminution voire de disparition de la végétation macrophytique. L’introduction d’espèces allochtones proliférantes peut déséquilibrer la communauté.
L’envasement et les matières en suspension sont aussi une cause de régression de l’habitat. Les aména-gements hydrauliques (barrages) réduisent l’habitat dans la retenue, mais favorisent les espèces eutrophes à l’aval par fourniture d’ammonium.
 

Orientations optimales de gestion

(d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)
La gestion propre de l’habitat est indissociable de celle des cours d’eau. Elle ne peut s’envisager indépendamment des milieux adjacents, de la gestion de l’eau au niveau du bassin versant, de la nappe alluviale et du bassin d’alimentation de la nappe phréatique. Cette gestion concerne à la fois la qualité et la quantité de l’eau.


•    Gérer les embâcles et la ripisylve en fonction des espèces patrimoniales ;
•    Restaurer ou préserver les écoulements ;
•    Faire respecter le débit réservé pour les barrages ;
•    Éviter les phénomènes d’envasement ;
•    Limiter les pompages dans la nappe alluviale.

 

Code UE :     3260

Code CORINE 1991 :     24.4

Surface couverte :    env. 1,1 ha