Eboulis médio-européens siliceux des régions hautes
Code UE : 8150
Code CORINE 1991 : 61.12
Surface couverte : env. 3,3 ha
Définition et références phytosociologiques
Narduretum lachenalii-Galeopsietosum segetum de Foucault 1981. Tuberarietea guttatae
Caractéristiques stationnelles
Le milieu est présent à l’étage collinéen et montagnard sur substrats pauvres, de nature siliceuse (poudingues, cornéennes). Les éboulis sont souvent localisés sur une forte pente (40 %) où la matière organique ne peut s'accumuler et où le substrat reste pauvre en nutriments. Ces habitats se développent sur des pierriers chauds et secs de roches siliceuses, sur des éboulis naturels.
Physionomie et structure
Ce groupement annuel est composé de peu d'espèces. Le Catapode des graviers est présent essentiellement.
La végétation est dispersée et présente un faible recouvrement.
Flore caractéristique, espèces indicatrices
- Catapode des graviers Mircopyrum tenellum
- Galeopsis douteux Galeopsis segetum
- Ortie royale Galeopsis tetrahit
- Séneçon visqueux Senecio viscosus
- Canche printanière Aira praecox
- Géranium herbe-à-Robert Geranium robertianum
- Jasione des montagnes Jasione montana
- Linaire rampante Linaria repens
- Polypode vulgaire Polypodium vulgare
- Petite oseille Rumex angiocarpus
- Orpin réfléchi Sedum reflexum
- Teesdalie à tige nue Teesdalia nudicaulis
- Cladonie des rennes Cladonia rangiferina
Confusions possibles
Sur substrat siliceux, aux étages collinéen et montagnard, il est difficile de confondre ces éboulis à Galéopsis.
Localisation dans le site
Il n’existe que trois stations dans le périmètre Natura 2000. La plus importante se trouve sur les versants du Bec-Corbin où un grand linéaire de pierrier avec Galeopsis douteux est présent. Aux Rochers des Parcs, les pierriers sont bien représentés mais la flore, souvent pauvre, est menacée par l’embroussaillement (le Galéopsis douteux en est absent). Enfin, aux Rochers de Brisevieille, l’habitat est très menacé et le Galéopsis douteux n’a pas été revu depuis une dizaine d’années.
Valeur écologique et patrimoniale
Ce type d'habitat couvre souvent de faibles étendues aux étages collinéen et montagnard. De ce fait, l’ensemble du Bec-Corbin, en raison de son étendue inhabituelle, mérite la plus grande attention.
Les cortèges floristiques rassemblent quelques espèces intéressantes, inféodées à ces milieux et donc peu répandues. Certaines sont protégées au niveau régional comme le Galeopsis douteux (Galeopsis segetum) dont il n'existe plus que deux stations en Basse-Normandie : la Boucle du Hom à Thury-Harcourt, avec quelques dizaines de pieds seulement, et le Bec-Corbin (plusieurs centaines d’individus). On note également la présence d’un cortège bryo-lichénique riche et diversifié (mousses et lichens rares à l’échelle régionale ; présence de Cladonia rangiferina, protégée en Basse-Normandie).
Dynamique de la végétation
Généralement, compte tenu de la pente forte, la communauté présente un caractère permanent.
Le plus souvent, la phase pionnière est préparée par l'installation de lichens et de mousses qui fournissent une végétation clairsemée, recouvrant les blocs, remplissant les creux avec ses larges touffes grisâtres. Les lichens retiennent les poussières atmosphériques. Peu à peu s'amasse de la matière fine mise à profit par les plantes à fleurs de l'éboulis.
La matière organique interstitielle peut s'enrichir en azote sous l'action de la lumière (milieu largement ouvert). On voit alors s'installer quelques nitroclines ou nitrophiles (Géranium herbe-à-Robert, Pâturin des bois). Souvent le sol reste très acide et accueille quelques touffes de Callune.
Avec la fixation du pierrier, des espèces plus recouvrantes telles que l’Agrostis capillaire ou la Canche flexueuse peuvent parfois s’infiltrer, suivies de ligneux (Genêt à balais) qui s’installent en peuplements dispersés.
État actuel de conservation
Sur le site, les ronces et les bois de chênes ont tendance à coloniser et à fermer le milieu.
Menaces potentielles, facteurs de dégradation
Ce type d'habitat est généralement peu menacé par des actions extérieures. Toutefois, le fonctionnement de l'éboulis naturel peut être remis en question dans certains cas, par le passage d'une piste ou d'un sentier, par l'ouverture de carrières sur les sites colonisés par cet habitat.
Orientations optimales de gestion
(d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)Aucune intervention n’est recommandée en général, à l’exception d’un léger débroussaillage éventuel avec toutes les précautions nécessaires étant donné l’instabilité de l’habitat et la présence de plantes rares et protégées.
Il est vivement conseillé d’éviter le passage de pistes et de sentiers à travers un éboulis, ainsi que l’extraction de matériaux.