Hêtraie à Jacinthes et Méliques

Hêtraies du Asperulo-Fagetum



Code UE :     9130
Code CORINE 1991 :     41.13

Surface couverte :    env. 315,4 ha


Définition et références phytosociologiques


Forêts de hêtres développées sur sols neutres ou presque neutres, à humus doux (mull). Elles sont caractérisées par la présence de chênes, de frênes et de nombreuses espèces formant une strate herbacée riche et abondante.
Chênaie-frênaie à Mélique uniflore et ronces, frênaie-érablière à Troène et Listère ovale ;
Endymio nutantis-Fagetum sylvaticae Durin et al. 1967, Daphno laureolae-Fagetum sylvaticae Durin et al. 1967

Caractéristiques stationnelles


Ce type d’habitat est lié au climat atlantique, doux et arrosé. En Suisse normande, il est implanté sur les pieds de versants, plus épais et enrichis en colluvionnement que les sommets, ainsi que sur les banquettes alluviales bien drainées.
On peut y trouver une chênaie-hêtraie, une chênaie-frênaie à érables, à Troène et espèces des sous-bois à mull acide à eutrophe, voire carbonaté en raison de la présence d’anciens placages de calcaire dans le site (proximité du Bassin parisien).


Physionomie et structure


Le Hêtre, associé au Chêne sessile et au Chêne pédonculé, domine dans la strate arborescente. La strate arbustive est diversifiée : Noisetier, Houx, Cornouiller sanguin, Troène, Fusain d’Europe. Le sous-bois est caractérisé par une importante floraison vernale. La strate muscinale est pauvre en espèces et peu recou-vrante.


Flore caractéristique, espèces indicatrices

  • Conopode dénudé                Conopodium majus
  • Jacinthe des bois                  Hyacinthoides non-scripta
  • Mélique uniflore                    Melica uniflora
  • Laîche des bois                    Carex sylvatica
  • Mercuriale vivace                  Mercurialis perennis
  • Corydale solide                    Corydalis solida   
  • Pulmonaire officinale            Pulmonaria officinalis
  • Listère à feuilles ovales        Listera ovata
  • Primevère officinale              Primula veris
  • Daphné lauréole                   Daphne laureola
  • Parisette à quatre feuilles    Paris quadrifolia
  • Dompte-venin                       Vincetoxicum hirundinaria


Confusions possibles…


… avec l’habitat 9120 « Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus », ou avec les hêtraies-chênaies calcicoles à Daphne laureola établies sur sols carbonatés.

Localisation dans le site


L’habitat est assez bien représenté sur le site, plus dans le Calvados que dans l'Orne du fait de la proximité des plateaux sédimentaires.


Valeur écologique et patrimoniale


Ce type d’habitat occupe une aire importante en France. Les individus d’habitats sont souvent étendus. La flore y est relativement banale.

Espèces de l’annexe II de la Directive Habitats
Chauves-souris et Lucane cerf-volant en lisière.

Valeur sociale et économique


Le hêtre présente d’excellentes potentialités. Le chêne, quand il est favorisé, donne également de très bons résultats, et le Chêne pédonculé plus précisément, quand les réserves en eau du sol sont suffisantes. L’Érable sycomore et le sapin sont intéressants aussi.


Dynamique de la végétation…
… spontanée


A partir de prairies diverses abandonnées, on passe à des prairies pré-forestières, puis à des fruticées. Il s’en suit une phase forestière pionnière à Tremble, Frêne, Bouleau, Chêne pédonculé, pour enfin arriver à une maturation progressive par le Chêne sessile et le Hêtre. Les petites trouées sont comblées rapidement par les régénérations du Hêtre ; les plus grandes sont recolonisées par les chênes.


… liée au mode de gestion


Les gestions passées ont entraîné la présence de taillis sous futaie de substitution à Chêne pédonculé, Merisier et Charme (introduit). Des plantations ont eu lieu (Douglas, Epicéas, Mélèze du Japon…).

État actuel de conservation


Comme pour l’habitat 9120 (Hêtraies acidophiles atlantiques), il s'agit d'anciens taillis exploités pour la dernière fois pendant la dernière guerre. L'exploitation est difficile en raison des fortes pentes et de l'accessibilité réduite, d'où une utilisation préférentielle comme bois de chasse. Les densités sont importantes.
Là encore, les effets de la dernière tempête sont visibles.


Menaces potentielles, facteurs de dégradation


La principale menace réside, potentiellement, dans le remplacement massif des essences de l’habitat par d’autres ne faisant pas partie du cortège. Cette menace est en partie levée par les contraintes d’exploitation.

Orientations optimales de gestion

(d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)
La transformation des peuplements avec des essences autres que celles du cortège de l’habitat est vivement déconseillée (plantations monospécifiques et systématiques en résineux par exemple). L’utilisation de produits phytosanitaires est à limiter aux cas critiques.

•    Travailler au profit des essences minoritaires et secondaires (Érable champêtre, Érable plane, Merisier), conserver en accompagnement (à titre écologique et sylvicole) des essences comme le Bouleau, et favoriser la présence d’une strate arbustive (Noisetier, Houx, Cornouiller) ;
•    Profiter au maximum de la régénération naturelle ;
•    D’une manière générale, les éclaircies seront suffisamment fortes et réalisées à des périodicités adaptées pour optimiser l’éclairement au sol, permettre une bonne croissance du peuplement, une bonne qualité technologique des produits et le développement de la flore associée ;
•    Parmi les arbres morts et déperissants, seront maintenus des individus sans intérêt commercial. Ils permettent la présence de coléoptères saproxylophages ou de champignons vivant aux dépens du bois mort. Les arbres retenus seront éloignés au maximum des éventuels chemins, pistes et sentiers pour minimiser les risques de chutes de branches ou d’arbres sur les promeneurs ou les personnels techniques. ;
•    Maintenir les ourlets pré-forestiers et les lisières : ils entrent dans la composition d’une mo-saïque originale d’habitats, plus riches en espèces intéressantes.