Prairies à Molinie

Prairies à Molinia sur sols tourbeux




Définition et références phytosociologiques


Prairie tourbeuse à Carvi verticillé et Jonc à tépales aigus, prairie para-tourbeuse à Cirse des anglais et Scorsonère humble.
Caro verticillati-Juncetum acutiflori Oberdorfer 1969,
Cirsio dissecti-Scorzoneretum humilis de Foucault 1981. Caricetea fuscae

Caractéristiques stationnelles


L’habitat est localisé en plaines et sur les collines françaises, sous climat sub-atlantique. On rencontre cet habitat dans des situations topographiques à humidité temporaire hivernale, souvent en dépression, sur des pentes, près des bermes forestières, en bordures d'étangs et de vallées alluviales… Les prairies à Molinia poussent au niveau des roches-mères acides (granite, gneiss, grès, schistes, sables…), sur des sols tourbeux, engorgés et riches en matière organique. Ces prairies sont des éléments majeurs des paysages de landes, de forêts temporairement humides ou de systèmes prairiaux hygrophiles.

Physionomie et structure


La végétation, dont l’aspect de prairie est assez dense, est souvent moyenne à élevée et bien fermée. Ce milieu présente une diversité d’espèces floristiques spécifiques aux prairies des sols tourbeux humides telles que le Carvi verticillé, le Cirse des anglais, le Scorsonère humble, la Molinie Bleue, la Canche cespiteuse...

Flore caractéristique, espèces indicatrices

  • Carvi verticillé                         Carum verticillatum
  • Cirse des anglais                    Cirsium dissectum
  • Molinie bleue                           Molinia caerulea
  • Scorsonère humble                 Scorzonera humilis
  • Jonc à tépales aigus               Juncus acutiflorus
  • Canche cespiteuse                 Deschampsia cespitosa
  • Épilobe des marais                 Epilobium palustre
  • Hydrocotyle commune            Hydrocotyle vulgaris   
  • Agrostide des chiens              Agrostis canina
  • Laîche étoilée                         Carex echinata
  • Laîche lisse                             Carex laevigata
  • Mouron délicat                        Anagallis tenella
  • Scutellaire naine                     Scutellaria minor
  • Violette des marais                 Viola palustris
  • Jonc aggloméré                       Juncus conglomeratus
  • Linaigrette à feuilles étroites  Eriophorum polystachion


Confusions possibles


Le bas-marais à Carvi verticillé et Jonc à tépales aigus a parfois été confondu avec la moliniaie landicole (Caro verticillati-Molinietum caeruleae).


Localisation dans le site


A l’intérieur du périmètre, l’habitat est uniquement identifié sur les bords de la Rouvre (rive gauche). Sa représentation spatiale est ponctuelle.

Valeur écologique et patrimoniale


La valeur écologique et biologique des prés paratourbeux est faible. La valeur patrimoniale au niveau floristique est moyenne. Il n’y a pas d’espèce protégée ou menacée au plan national. En revanche, plusieurs sont protégées régionalement.

Valeur sociale et économique


L’habitat, associé à des prairies mésophiles, peut être exploité en pâturage bovin extensif. Cet habitat ponctuel s’insère dans des unités plus larges de gestion. Le fourrage est médiocre et de faible valeur pas-torale. Il peut s’agir cependant d’un complément alimentaire intéressant en fin d’été, quand les autres ressources sont réduites. Ces prairies sont exploitées plutôt pour la litière que pour le foin, parfois considéré comme étant de mauvaise qualité. Si sa valeur nutritive est équivalente à celle d’un foin de « prairie saine » dans le courant de l’été, l’appétence en est réduite et pose des problèmes pour une valorisation de celui-ci auprès du bétail.


Dynamique de la végétation…


… spontanée


Les prés à Cirse des anglais et Scorsonère humble sont en relations dynamiques avec les prés mésotrophi-ques à Jonc à tépales aigus (Junco acutiflori-Cynosuretum cristati). Les prairies tourbeuses à Carvi verticillé et Jonc à tépales aigus évoluent progressivement par boisement en fourrés à Saule roux-cendré, annonçant la venue de l’aulnaie. Cette dynamique est plus ou moins régressive sous l'effet de l'ouverture de la strate de hautes herbes.


… liée au mode de gestion


Les prairies à Molinia sur sols tourbeux à Carvi verticillé et Jonc à tépales aigus sont susceptibles de s'assé-cher par le drainage et de se transformer en prairies plus mésotrophiques par la fertilisation.


État actuel de conservation


Cet habitat, de petite taille dans le site, est en fin d'évolution. Il montre un début d'assèchement et d'atterrissement.


Menaces potentielles, facteurs de dégradation


Les tendances évolutives sont assez variables selon les formes que prend cet habitat. Les prairies tourbeu-ses à Jonc à tépales aigus et Carvi verticillé, ainsi que les prairies para-tourbeuses à Cirse anglais et Scorsonère humble sont menacées par la fertilisation (eutrophisation), l'abandon des pratiques pastorales pouvant induire le retour des mégaphorbiaies et le drainage, pratique préalable au boisement artificiel par peupliers.

Orientations optimales de gestion

(d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)
Il est conseillé d’exclure la plantation de ligneux ou d’en limiter le développement par une coupe périodique.
Un pâturage mixte ou tournant est intéressant pour la structure du milieu. La faible productivité de l’habitat limite son potentiel d’exploitation, et le chargement sera donc faible (à définir au niveau local). Le pâturage permet de réduire le nombre d’espèces trop denses. On prendra garde à un pâturage trop précoce, celui-ci ne devant se faire que lorsque le sol est portant pour éviter sa destruction. La pression du pâturage estival extensif par des bovins doit être limitée et variable selon la composition de la moliniaie. Le choix de la race est un facteur important : il doit être fait en adéquation avec le milieu.
On peut aussi éviter la fermeture des milieux humides par un complément d’intervention comme par exemple une fauche épisodique précédant le pâturage. Dans ce cas, les secteurs à touradons doivent être débroussaillés et aplanis avant la fauche. Une fauche régulière tardive est intéressante pour le maintien de la diversité floristique car elle diminue l’effet destructeur de la litière hivernale formée et permet la conservation d’une flore variée. L’inconvénient de la fauche sur cet habitat demeure les difficultés d’accès à ces parcelles non mécanisables, sous peine de détruire le sol.
Les amendements (chaux, scories) sont à éviter en raison de leur effet à long terme sur les espèces calci-fuges. De plus, le démarrage plus précoce de la végétation n’est pas forcément pertinent dans la mesure où l’accès pour la fauche par des engins n’est pas toujours possible. Un niveau très faible des apports de fumure et de fertilisants, ne dépassant pas une valeur basse à estimer localement, peut être toléré.
 



Code UE :     6410
Code CORINE 1991 :     37.312

Surface couverte :    env. 6,3 ha