Pelouses rupicoles

Pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles du Alysso-Sedion albi



Habitat prioritaire


Code UE :     6110
Code CORINE 1991 :     34.11

Surface couverte :    env. 0,7 ha


Définition et références phytosociologiques


Pelouse vivace à Orpin blanc et Fétuque à longues feuilles.
Festuco longifoliae-Sedetum albi de Foucault 1989. Sedo-Scleranthetea

Caractéristiques stationnelles


L’habitat est localisé aux étages planitiaire, collinéen et montagnard inférieur, dans des régions où règne un climat océanique plus ou moins atténué ou à tendance semi-continentale. Ces pelouses sont parfois localisées sur des plateaux, mais ici plutôt sur des corniches ou encore sur des vires rocheuses. On les retrouve plus précisément sur des dalles calcaires dures d’âges divers, chaudes et sèches, avec une exposition préférentielle au sud. Le sol est très peu épais, squelettique, souvent riche en calcaire actif et en matières organiques. Les pelouses sont parfois primaires, mais peuvent être disséminées au sein de systèmes pastoraux extensifs liés au pâturage ovin, bovin ou caprin.


Physionomie et structure


Les pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles du Alysso-Sedion albi sont rases, écorchées et peu recouvrantes.  Ces pelouses succulentes sont dominées par l'Orpin blanc et la Fétuque glauque. La strate des mousses et des lichens est fortement développée. La diversité floristique est importante avec un pic de floraison surtout printanier (mars-mai). De nombreuses espèces printanières deviennent méconnaissables en été.
On peut observer une grande variabilité de l'aspect physionomique suivant les années : depuis l'absence des thérophytes les années les plus sèches à une grande abondance les années pluvieuses.


Flore caractéristique, espèces indicatrices

  •     Orpin blanc                          Sedum album
  •     Orpin brûlant                      Sedum acre
  •     Ail à tête ronde                   Allium sphaerocephalon
  •     Scille d'automne                  Scilla autumnalis
  •     Germandrée botryde           Teucrium botrys
  •     Germandrée petit chêne     Teucrium chamaedrys
  •     Céraiste nain                      Cerastium pumilum       
  •     Saxifrage à trois doigts       Saxifraga tridactylites
  •     Thym précoce                      Thymus praecox
  •     Trèfle scabre                       Trifolium scabrum
  •     Hélianthème nummulaire    Helianthemum nummularium
  •     Hippocrépide à toupet        Hippocrepis comosa
  •     Petite Pimprenelle               Sanguisorba minor
  •     Potentille argentée             Potentilla argentea


Confusions possibles…


… avec les végétations pionnières de dalles calcaires montagnardes dans les régions de contact (Alysso alyssoidis-Sedion albi, Code UE : 6110) ;
… avec les pelouses équivalentes des dalles siliceuses sèches et chaudes parfois floristiquement très proches mais qui renferment toujours des espèces acidiphiles (Sedo albi-Veronicion dillenii, Code UE : 8230) ;


… avec les pelouses xérophiles du Diantho gratianopolitani-Melicion ciliatae, du Seslerio caeruleae-Xerobromenion erecti ou du Xerobromenion erecti qu’elles côtoient souvent (Code UE : 6210). Ces dernières sont pauvres en théro-phytes et toujours dominées par les hémycryptophytes.

Localisation dans le site


Cet habitat est assez bien représenté mais son emprise spatiale est faible. Il est localisé essentiellement dans la vallée de la Laize (secteur n°4), mais aussi, plus ponctuellement, à Rouvrou et Saint-Philbert (secteur n°3).
Dans la continuité du Val de Laize, le Val de May présente des milieux similaires.

Valeur écologique et patrimoniale


Cet habitat est rare dans l’ouest à l’instar des milieux rupestres auxquels il est attaché. La plupart des pelouses sont primaires, ce qui est exceptionnel pour une région de la plaine française. La diversité floristique est élevée. Certaines espèces sont protégées au niveau régional comme la Fléole de Bochmer. L’habitat est un refuge pour de nombreuses espèces annuelles d'origine méditerranéenne en dehors de leur aire principale.

Valeur sociale et économique


Ces végétations de dalles rocheuses sont difficilement gérables par l’agriculture. Elles peuvent être cependant disséminées au sein de pelouses (Mesobromion erecti et Xerobromion erecti), dont la valeur agricole est plus élevée.


Dynamique de la végétation…
… spontanée


    Les pelouses peuvent résulter de la déforestation de différents types de bois (chênaies pubescentes, hêtraies xérophiles, chênaies-charmaies calcicoles, etc.). Elles peuvent s'installer sur des surfaces dénudées artificielle-ment comme des fonds de carrières. Ici, elles sont le plus souvent primaires, ce qui est exceptionnel.
La diminution de la pression des lapins et l’abandon pastoral (chèvres, moutons, bovins) entraînent la densification très lente du tapis graminéen et chaméphytique et la réduction progressive des secteurs dépourvus de végétation pérenne favorable aux thérophytes. Le sol devient peu à peu plus épais.
En Suisse Normande, l’habitat peut être investi par un fourré à Aubépine monogyne et rosiers peu communs (Rosier à petites fleurs, Rosier à odeur de rainette...). Le milieu est régulièrement mosaïqué avec les pelouses succulentes à Orpin réfléchi (Code UE 8230).

… liée au mode de gestion


L'intensification du pâturage induit l'extension de l'habitat, initialement confiné aux dalles, mais qui peu à peu s'étend aux dépens de la pelouse herbeuse proprement dite. L'érosion liée au surpâturage ou au passage de véhicules (chemins) favorise le groupe des espèces annuelles, alors que les orpins régressent.

État actuel de conservation


L’habitat est bien conservé dans le site.


Menaces potentielles, facteurs de dégradation


L’habitat est toujours très morcelé car le plus souvent lié à des « chicots » rocheux qui émergent de la gangue sableuse ou terreuse. Il est donc souvent inclus au sein d'ensembles pâturés plus vastes. Il se maintient assez bien dans les cas où il occupe des vires rocheuses étroites (état primaire).
L’intensité de la fréquentation peut détériorer le milieu. L’utilisation et l’aménagement des parcours pour les loisirs comme le pique-nique, la moto verte, les véhicules tout-terrain, les aires de stationnement pour la va-rappe et les aires de delta-plane menacent l’habitat.


Orientations optimales de gestion

(d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)
Cet habitat stable ne nécessite que peu d’interventions (éventuellement un léger débroussaillage à certaines expositions). Le pâturage occasionnel par les herbivores (troupeau pâturant les pelouses avoisinantes, lapins, cervidés) doit être maintenu. L’habitat s’insère dans des unités de gestion pastorale plus larges ; les mesures de gestion par le pâturage s’appliqueront donc à l’ensemble de la surface.
La fréquentation touristique éventuelle doit être canalisée.