Parcours substeppiques

Parcours substeppiques de graminées et annuelles du Thero-Brachypodietea




Habitat prioritaire


Code UE :     6220
Code CORINE 1991 :     34.5

Surface couverte :    env. 0,8

Définition et références phytosociologiques


Pelouse annuelle à Catapode rigide et Trèfle des champs.
Trifolio campestris-Desmazerietum rigidae de Foucault 1989. Stipo-Trachynietea

Caractéristiques stationnelles


Les parcours substeppiques de graminées et annuelles sont localisés aux étages planitiaire et collinéen, dans des régions au climat atlantique avec des tendances méditerranéennes et submontagnardes. L’habitat est présent sur les plateaux calcaires tabulaires et leurs rebords, plus précisément sur des sols superficiels arides autour de petits pointements rocheux exposés au sud.
Les sols squelettiques, issus de l’altération du calcaire en place, sont de type rendzine rouge avec, en surface, une accumulation caractéristique de terra rossa, parfois enrichie en matière organique.
Cet habitat est étroitement lié aux systèmes pastoraux extensifs hérités des traditions de parcours ovin et caprin.

Physionomie et structure


Le milieu est composé de pelouses rases peu à moyennement recouvrantes. Ces pelouses sont annuelles, basses et très ouvertes. La diversité floristique est importante avec une floraison exclusivement printanière.
L'aspect physionomique varie suivant les années : depuis une grande rareté des thérophytes les années les plus sèches à une grande abondance les années pluvieuses.
L’habitat se trouve sur de petites surfaces (quelques décimètres ou quelques mètres carrés) ; il est imbriqué avec des pelouses vivaces. On peut trouver la totalité des espèces représentatives sur un seul mètre carré.

Flore caractéristique, espèces indicatrices
  • Sabline à feuilles de serpolet     Arenria leptoclados
  • Catapode rigide                         Desmazeria rigida
  • Œillet prolifère                           Petrorhagia prolifera
  • Germandrée des marais            Teucrium scordium
  • Germandrée botryde                 Teucrium botrys   
  • Minuartia hybride                       Minuartia hybrida
  • Nardure unilatéral                      Nardurus maritimus
  • Saxifrage à trois doigts              Saxifraga cespitosa
  • Trèfle strié                                  Trifolium striatum
  • Trèfle des champs                      Trifolium arvense


Localisation dans le site


Présent uniquement sur les coteaux de la Laize, de façon très ponctuelle (stations de quelques mètres carrés). Habitat extrêmement localisé.


Valeur écologique et patrimoniale


Les communautés ont une distribution assez large, mais sont en régression spatiale sensible.
La diversité floristique est importante. Quelques espèces présentes dans ces milieux sont rares voire très rares (Trèfle strié, Oeillet prolifère, Germandrée botryde). Certaines bénéficient d’une protection régionale.
Les paysages complexes de pelouses associent en mosaïque trois communautés d’habitats de la Directive (tonsures / pelouses calcicoles / dalles).

Valeur sociale et économique


Souvent associé en mosaïque à d’autres types de pelouses calcicoles, cet habitat, constitué d’espèces d’herbes rases qui lui donnent un aspect de tonsure, est essentiellement valorisé par un pastoralisme ovin ou caprin extensif.


Dynamique de la végétation…
… spontanée


L’habitat est souvent en mosaïque avec la pelouse vivace à Orpin blanc, puis est envahi progressivement par un ourlet à Géranium luisant, Géranium colombin, Torilis noueux.
Après régression ou abandon pastoral, recolonisation rapide par les pelouses calcicoles associées aux tonsures au sein des mosaïques structurales ou par des friches avec, dans le site, de belles populations de Carthame laineux (protection régionale).
Dynamique pré-forestière extrêmement complexe associant des phénomènes de densification de la strate herbacée et d'embroussaillement progressif largement imbriqués dans le temps et l'espace. Lorsque le fourré s’installe, il peut être dominé par un rosier thermophile, le Rosier à petites fleurs (Rosa micrantha).

… liée au mode de gestion


L’intensification du pâturage ovin, accompagnée ou non d'amendements (cas rarement observé), a entraîné le passage d’un type oligotrophe à un type nitrophile.
La pression pastorale règle les équilibres communautaires au sein de la mosaïque. La taille et le nombre de tonsures, leur degré d’introgression dynamique par la communauté de pelouse calcicole est en étroite re-lation avec le chargement et la conduite pastorale.


État actuel de conservation


Malgré la petite taille de cet habitat prioritaire, il est en bon état dans le site Natura 2000.

Menaces potentielles, facteurs de dégradation


Ce type d’habitat est en régression spatiale continue en France depuis le début du XXème siècle, avec une accélération depuis 1970. Les causes principales de cette évolution sont d’abord l'abandon pastoral, la reconstitution de boisements, l'ouverture et l'extension de carrières (pour l'amendement, l'empierrement ou la pierre calcaire) et enfin l'extension urbaine et industrielle.
Quelques espèces dont l’apparition est rare font l’objet d’un pillage botanique. La conservation du milieu en l’état est précaire en dehors des sites d'intervention des Conservatoires régionaux d'espaces naturels


Orientations optimales de gestion

(d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)
L’habitat s’insère toujours dans des unités plus vastes de gestion à l’échelle desquelles devront être raisonnées les actions à mener pour le maintien de ces pelouses.
La principale mesure de protection de l’habitat consiste à maintenir ou à réintroduire un pastoralisme extensif ovin/caprin qui, par le piétinement ponctuel et le pâturage des animaux, favorise l’entretien du couvert herbacé ras. Cette technique demeure la solution de conservation la plus sûre. La sélection est d’autant moins forte que les animaux reçoivent une complémentation alimentaire calculée par ailleurs.
Des opérations de débroussaillage partiel peuvent éventuellement être envisagées quand l’embroussaillement devient trop important. Ces interventions de lutte contre la fermeture sont cependant rendues délicates par la nature du substrat et doivent de préférence être menées manuellement plutôt que mécaniquement pour éviter les départs d’érosion.