Landes sèches européennes

Landes sèches européennes







Code UE :     4030
Code CORINE 1991 :     31.238

Surface couverte :    env. 36,8 ha


Définition et références phytosociologiques


Lande sur rochers à Millepertuis à feuilles linéaires et Bruyère cendrée.
Hyperico linarifolii-Ericetum cinereae de Foucault 1993. Calluno-Ulicetea

Caractéristiques stationnelles


Les landes sèches européennes sont planitiaires et collinéennes, et dépendantes d’un climat océanique. Ces groupements sont établis sur des sols oligotrophes à très faible capacité de rétention en eau, rocheux (rankers) ou anciennement surexploités (sols lessivés à podzols), filtrants et secs.

Physionomie et structure


Ce sont des landes rases à moyennes, très ouvertes sur les vires et affleurements rocheux, plus denses et fermées sur les pentes des collines. On y retrouve une dominance des Bruyères, avec notamment la Bruyère cendrée. Sur sols superficiels, elles renferment des plantes des pelouses écorchées telles le Millepertuis à feuilles linéaires (Hypericum linariifolium) et la Jasione des montagnes (Jasione montana). L’abondance des mousses pleurocarpes et des Cladonies (Cladonia sp.) sur la litière sont un indice de faibles perturbations et de stabilité des landes.

Flore caractéristique, espèces indicatrices


Angiospermes :
  • Ajonc nain                                   Ulex minor
  • Bruyère cendrée                         Erica cinerea
  • Callune vulgaire                          Calluna vulgaris
  • Canche flexueuse                       Deschampsia flexuosa
  • Gaillet des rochers                      Galium saxatile
  • Jasione des montagnes              Jasione montana
  • Millepertuis à feuilles linéaires    Hypericum linariifolium
  • Jacinthe des bois                        Hyacinthoides non-scripta
  • Agrostide vulgaire                      Agrostis capillaris   
  • Danthonie décombante              Danthonia decumbens
  • Germandrée scorodoine             Teucrium  scorodonia
  • Petite oseille                               Rumex angiocarpus

Bryophytes :

  • Hypne des bruyères                  Hypnum jutlandicum
  • Faux-scléropode pur                 Scleropodium purum
  • Pleurozie de Schreber               Pleurozium schreberi 

Lichens:

  • Cladonies                                  Cladonia gr. impexa

 

Localisation dans le site


Assez bien représenté dans le site, on retrouve cet habitat sur les escarpements du Noireau (rive gauche), de la Rouvre (rive droite, Roches d’Oëtre et méandres de Rouvrou), de l'Orne (rive droite, Bec-Corbin, méandres de Saint-Philbert, Rochers de Brisevieille, des Parcs et de la Houle).

Valeur écologique et patrimoniale


Ce type d’habitat est un véritable refuge pour un grand nombre de Bryophytes, de Lichens et des éléments des pelouses acidophiles de contact ou en mosaïque. En raison de la rudesse des conditions de vie (sécheresse et pauvreté des sols), les affleurements rocheux tels que ceux du site sont très difficilement accessibles aux végétaux supérieurs. A part quelques exceptions, seuls les mousses et, surtout, les lichens, sont adaptés à pareille situation. Un inventaire bryo-lichénique réalisé aux Roches d’Oëtre (STAUTH S., juin 2002) dans le cadre de l’élaboration du plan de gestion de l’Espace Naturel Sensible, a révélé la présence sur cette barre rocheuse de 65 espèces de lichens et de 60 espèces de mousses. Outre leur diversité, ces groupements se distinguent aussi par la rareté de plusieurs espèces (12 espèces de mousses assez rares à très rares en Basse-Normandie).

Espèces animales typiques de l’habitat


Criquet de Barbarie, Criquet des ajoncs, Sténobothrope nain, Ephippigère des vignes, Lézard vert.

Valeur sociale et économique


Les landes sèches européennes représentent un fort intérêt paysager.
En outre, elles peuvent être utilisées en parcours pour le bétail (ovins, bovins rustiques, mais surtout caprins « au piquet ») qui y trouve une part de son alimentation.
Autrefois, la Fougère-aigle était utilisée pour les litières, et les sous-arbrisseaux comme combustible.


Dynamique de la végétation…
… spontanée


Sur affleurement et vires rocheuses, les contraintes édaphiques (sols superficiels avec faible rétention en eau) limitent le développement des ajoncs et des espèces pré-forestières telles le Prunellier (Prunus spinosa).
Lors de cycles de sécheresses interannuelles, les plantes à forte biomasse meurent et libèrent l’espace pour les espèces compagnes, assurant une régénération spontanée de la lande.
Sur sols plus profonds, le fourré à Ajonc d'Europe puis les bois de chênes et de bouleaux ont tendance à envahir le milieu.

… liée au mode de gestion


Le piétinement conduit localement à une régression des Lichens et des Bryophytes et produit une ou-verture propice aux espèces des pelouses oligotrophes composées d’annuelles. Si le piétinement est localisé, c’est également un facteur de biodiversité.

État actuel de conservation


Les sites ont tendance à se dégrader du fait de la fermeture progressive du milieu.

Menaces potentielles, facteurs de dégradation


La tendance naturelle à une évolution progressive est relativement lente et limitée en raison des contraintes édaphiques. De plus, on peut observer un processus de rajeunissement naturel lors de sécheresses excessives.
Le piétinement trop intense et étendu peut entraîner des risques d’érosion, altérant la mosaïque lande-pelouse dans les sites touristiques trop fréquentés.

Orientations optimales de gestion

(d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)
Les objectifs de gestion seront orientés vers le maintien d’une lande dominée par les sous-arbrisseaux, en conservant un milieu pauvre en nutriments et des stades dynamiques variés (5 à 15 ans). Ces objectifs devront cependant être intégrés dans la gestion globale des territoires pastoraux où un équilibre doit être maintenu entre les zones de landes, les zones herbacées et les zones de transition.
Le rajeunissement permanent de la lande passe par une exploitation régulière par le pâturage (si la strate herbacée est suffisamment accessible et développée), le débroussaillage et éventuellement le feu, avec les précautions nécessaires. Pour être maintenues, ces landes peuvent être soumises à un pâturage caprin (à défaut, bovin ou ovin) très extensif, dans la mesure où les animaux y trouvent une ressource suffisante. Les bovins semblent mieux supporter ce type de pâturage que les ovins, mais ils sont moins sélectifs et piétinent plus. Suivant l’importance des surfaces herbeuses, ces landes peuvent subvenir aux besoins de plusieurs races rustiques. Si la charge pastorale n’est pas assez importante, les Ericacées (bruyères) vieillissent, et il est nécessaire d’utiliser d’autres moyens de rajeunissement (feu, débroussaillage).
La fauche est conseillée pour l’entretien des landes herbeuses ou des landes à Callune. Les meilleurs résultats sont obtenus sur des pieds de moins de 10 ans. Difficile à appliquer sur les terrains non mécanisables, la fauche peut avoir à terme un impact négatif sur la biodiversité (uniformisation de la structure de la lande et ses conséquences sur l’entomofaune).
Le brûlage dirigé est utilisé pour la régénération de la lande, les rejets de souches permettant la reconstitution du tapis végétal après un incendie léger (2 à 3 semaines pour la lande à Ajonc). Son utilisation étant préférable dans le cadre d’une gestion en mosaïque, on limitera son utilisation sur les surfaces trop petites. Il est primordial que le feu soit réalisé en hiver dans le respect des conditions locales (sa fréquence est variable selon les objectifs de gestion). La période optimale pour la gestion de ces landes semble être d’une dizaine d’années. Si le feu présente certains avantages pour la gestion des landes ligneuses (maintien d’un niveau bas de nutriments, accès sur des terrains non mécanisables, entretien de milieu dans la lutte contre les incendies, amélioration de l’appétence des zones), les aspects négatifs de son utilisation doivent être connus : impact sur la faune, développement à terme d’espèces pyrophytes, impact paysager, homogénéisation de la structure…
L’habitat étant oligotrophe, on proscrira toute utilisation d’engrais, fumure organique (lisier, fumier), amendements. De même, les labours, le travail du sol, les semis ou plantations devront être proscrit.