Hêtraies acidiphiles

Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus




Définition et références phytosociologiques


Hêtraies à houx, installées sur substrat acide, en région planitiaire à montagnarde sous climat atlantique hu-mide. Le substrat acide correspond à des altérites de roches acides, à des limons à silex plus ou moins dégradés, ou encore à d’anciennes alluvions.
Chênaie sessiliflore – hêtraie à Houx et Canche flexueuse ; Chênaie – bétulaie à Myrtille ;
Ilici aquifolii-Fagetum sylvaticae Durin et al. 1967, Mespilo germanicae-Quercetum petraeae Frileux 1975.


Caractéristiques stationnelles


Type d’habitat lié au domaine atlantique, là où le climat est humide, l’hiver frais et les gelées de printemps possibles. Il occupe toutes les situations topographiques : plateaux, versants diversement exposés, dépressions. Installé dans le Val d’Orne sur les altérites de roches siliceuses (granites, grès, schistes…). Grande variabilité des sols : bruns, bruns acides, lessivés, plus ou moins podzolisés, avec un humus de type mull-moder à moder-mor.

Physionomie et structure


Strate arborescente dominée par le Hêtre, accompagné des chênes (sessile et pédonculé) ; sous-bois avec le Houx pouvant former des fourrés denses et élevés, parfois le Néflier ; strate herbacée souvent peu recou-vrante et pauvre en espèces ; strate muscinale plus ou moins fournie.

Flore caractéristique, espèces indicatrices

  • Houx                             Ilex aquifolium
  • Néflier                           Mespilus germanica
  • Myrtille                          Vaccinium myrtillus
  • Canche flexueuse         Deschampsia flexuosa
  • Germandrée                 Teucrium scorodonia
  • Mélampyre des prés     Melampyrum pratense   
  • Laîche à pilules             Carex pilulifera
  • Chèvrefeuille                Lonicera periclymenum
  • Fougère aigle               Pteridium aquilinum
  • Solidage verge d’or      Solidago virgaurea
  • Houlque molle              Holcus mollis
  • Polytric élégant            Polytrichum formosum


Confusions possibles


Avec l’habitat 9130 « Hêtraies du Asperulo-Fagetum », hêtraies-chênaies plus neutrophiles à Mélique uniflore (Melica uniflora) et Jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta) où les espèces acidophiles sont plus rares et en mélange avec des espèces neutrophiles.

Localisation dans le site


Vallées du Noireau (Bois de Berjou), de la Rouvre, et de l’Orne (Bois des Isles, sous les Rochers des Parcs et les Rochers de la Houle).

Valeur écologique et patrimoniale


Type d’habitat dont l’aire générale est assez vaste et dont les individus sont largement développés. Les faciès à Houx sont bien présents dans le site. Les peuplements, pour la plupart, ne sont pas exploités : le débardage est difficile étant donné la pente des versants sur lesquels ils se développent. Généralement jeunes, car massivement exploités pendant la dernière guerre, ils sont laissés en bois de chasse. La flore rassemble des espèces banales.

Espèces de l’annexe II de la Directive Habitats


Chauves-souris et Lucane cerf-volant sur les lisières.


Valeur sociale et économique


Sur les stations riches, le Hêtre peut donner de bons produits. Le facteur limitant que peut constituer l’acidité est susceptible d’être dépassé en menant une sylviculture dynamique. À l’inverse, sur les stations extrêmes, les plus acides ou les plus dégradées (sols engorgés ou podzolisés) ou sur les stations plus sèches (exposition de versants chauds), la qualité du Hêtre est alors moyenne à très médiocre, même en ayant une sylviculture dynamique.
Le Chêne est souvent gélif mais il peut parfois donner de bons produits et peut alors être préféré au Hêtre sur certaines stations moyennement acides.
Le Houx peut être très vigoureux (hauteur pouvant dépasser 10 m) et dense jusqu’à faire obstacle à la régénération.


Dynamique de la végétation…
… spontanée


Après destruction (chablis important lié à une tempête) on peut observer schématiquement :
  • une phase pionnière à Bouleaux et Sorbier des oiseleurs ou Noisetier en fonction de l’acidité ;
  • une phase transitoire à Bouleaux, Aubépine et Chêne pédonculé ;
  • une maturation progressive avec l’arrivée du Chêne sessile, du Hêtre (maintien possible du Chêne pédonculé).

Dans le cas de petites trouées, le Hêtre cicatrise peu à peu les ouvertures par ses régénérations ; en cas de trouées de taille moyenne ce sont les Chênes qui interviennent. La reconquête forestière post-déprise, après un stade de lande, suit les mêmes modalités que dans le cas de vastes chablis.


… liée au mode de gestion


Les gestions passées à objectif bois de feu ont entraîné le développement de taillis et de taillis sous futaie dominés par le Chêne pédonculé, plus rarement par le Chêne sessile. Cette exploitation a aboutit à des chênaies à Molinie bleue, favorisée par les remontées de nappe ; présence de sylvofaciès très dégradés à Bouleaux et espèces de lande.
Mis à part quelques petits massifs, les peuplements du site sont relativement jeunes dans l'ensemble, entre le stade du haut fourré à Noisetier et celui de la forêt jeune.
État actuel de conservation
L’exploitation est difficile du fait des fortes pentes et de l'accessibilité réduite, d'où une utilisation préféren-tielle comme bois de chasse. Sur les plateaux, la plupart de ces bois, surexploités jadis, sont d'anciennes landes boisées (vallée du Noireau en rive gauche, Roches d’Oëtre, méandres de Rouvrou, Bec-Corbin, Saint-Philbert, Cossesseville, Rochers des Parcs et de la Houle).
Sur les pentes, les effets de la dernière tempête sont tangibles, avec, par endroits, de nombreux chablis qui jonchent les parcelles, à d'autres, la présence d'un haut fourré à Noisetier qui traduit des phases de cicatrisa-tion récentes.

Menaces potentielles, facteurs de dégradation


Les risques de remplacement des essences caractéristiques de l’habitat par des essences autres que celles du cortège ne sont pas à écarter, de même que l’élimination du Houx, espèce qui constitue l’un de ses principaux intérêts. Une attention particulière au dosage de l’éclairement au sol est nécessaire compte tenu de son rôle sur le développement d’un sous-bois caractéristique d’espèces sempervirentes (Houx) ainsi que son importance pour la régénération des essences forestières.


Orientations optimales de gestion

(d’après le Muséum National d’Histoire naturelle)
La gestion doit permettre d’allier l’objectif de protection inhérent au réseau Natura 2000 à l’objectif de pro-duction avéré de l’habitat. Dans cet esprit, il est essentiel de favoriser le maintien de l’état observé de l’habitat ou, le cas échéant, son évolution vers l’état à privilégier, ceci pouvant s’étaler sur des échelles de temps variables. Il convient dans tous les cas de conserver les potentialités du milieu. La transformation des peuplements en essences autres que celles du cortège de l’habitat est vivement déconseillée.

•    Maintenir la présence de feuillus secondaires en sous-étage ;
•    Profiter au maximum de la régénération naturelle ;
•    Privilégier les dégagements mécaniques ou manuels ; l’utilisation des produits phytosanitaires est à limiter aux cas critiques ;
•    Maintenir des arbres morts, surannés ou déperissants (entre 1 et 5 par hectare), en considérant les problèmes éventuels de sécurité des visiteurs.
 

Code UE :     9120
Code CORINE 1991 :     41.12

Surface couverte :    env. 498,3ha